Apprendre à valoriser ses échecs

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Au cours de notre vie professionnelle, nous serons tou(te)s confronté(e)s à des situations d’échecs (ou situations de non-réussite). Est-ce dramatique ? Non. En revanche cela peut être déstabilisant de devoir raconter ce genre d’expériences lors d’un entretien d’embauche. Si l’on ne s’est pas préparé à l’éventualité d’en parler, alors on peut vite paniquer et répondre à côté de la plaque quand le recruteur nous demande d’expliquer un trou de 6 mois entre 2 jobs. Dans cet article, nous vous proposons de relativiser cette notion d’échec, de vous expliquer pourquoi les recruteurs s’y intéressent, et surtout nous vous donnons des clés pour apprendre à les valoriser.

C’est quoi concrètement un échec ?

Si on prend la définition très conventionnelle du dictionnaire, un échec est « le résultat négatif d’une tentative ». Echouer c’est le contraire de réussir, mais est-ce pour autant celui d’apprendre ? Tout est une question de point de vue. Certains voient les échecs comme de belles opportunités, d’autres comme des échelons d’apprentissage nécessaires. Et puis, bien évidemment, il y a ceux qui les vivent mal, et ça peut se comprendre.

En France, les échecs sont pointés du doigt et vu sous un prisme plutôt négatif, et ce, dès le plus jeune âge. Les victoires et les réussites sont visibles et valorisées, là où l’échec renvoie à un sentiment de honte. A l’étranger, c’est une toute autre approche. Saviez-vous que les finlandais ont créé « la journée de l’échec » (le 13 octobre) pour le célébrer et le dédramatiser ? Dans la culture anglo-saxonne, échouer c’est essayer, tester, apprendre. De fait, c’est quelque chose de positif en soi car on en tire toujours des leçons pour pouvoir s’améliorer et faire mieux au prochain essai. Là aussi, tout est une question de point de vue. Même l’entrepreneur, le manager, le businessman le plus talentueux qui soit a forcément déjà connu un échec. Tout le monde a le droit de se tromper et de ne pas réussir du 1er coup.

Ici, nous vous proposons d’aborder cette notion d’échec sous un angle positif :

  • Echouer c’est le début de la réussite
  • Echouer c’est avoir la possibilité de recommencer différemment
  • Echouer c’est apprendre
  • Echouer c’est chercher à rebondir

Pourquoi insister là-dessus ? Parce que si vous êtes persuadé qu’échouer est une fin en soi, vous adopterez une posture défaitiste et cela n’est pas conseillé pour la préparation d’un entretien d’embauche. Le mindset est primordial et vous devez être certain qu’échouer est quelque chose de normal, qui touche tout le monde, et que ça ne fait pas de vous un looser pour autant !

Pourquoi les recruteurs s’y intéressent-ils ?

Un recruteur qui vous demande pourquoi vous avez un trou dans votre CV, ou qui vous pose ouvertement une question du type « racontez-moi une situation d’échec dans votre parcours », n’est pas là pour vous piéger. En réalité, le recruteur cherche à mieux vous connaître, à évaluer le « fit » par rapport à la société, à comprendre votre rapport à l’échec, votre façon de le surmonter et votre capacité à rebondir. C’est une façon pour lui de valider votre prise de recul, votre analyse de la situation et votre capacité à en tirer des leçons.

Il faut vraiment que vous vous prépariez à cette éventualité et que vous sachiez parler de situations déplaisantes tout en les valorisant. Dédramatisez ! Les accidents de parcours arrivent à tout le monde. Ce qui fera la différence entre vous et un autre candidat face à ce genre de questions ? Si vous êtes à l’aise dans vos explications, que vous adoptez une posture d’humilité et d’ouverture, le recruteur comprendra que vous êtes au clair avec vous-même, bien dans vos baskets et prêt à aller de l’avant. Que du positif !

Pour parler de ses échecs, voici des situations concrètes sur lesquelles le recruteur pourrait insister :

  • Un laps de temps conséquent entre 2 expériences (ou le « trou » de CV)
  • Une période d’essai non validée
  • Un objectif professionnel non atteint
  • Une erreur d’orientation
  • Plusieurs changements de postes / sociétés en peu de temps

Nous ne pouvons que vous conseiller de lister 2 à 3 situations négatives, pour analyser ce qui s’est passé, comment vous avez géré la situation et les leçons que vous en tirez. Etre préparé vous donnera de l’assurance le jour J.

L’art du storytelling pour valoriser ses échecs

Le storytelling c’est l’art de raconter des histoires pour atteindre un objectif. En l’occurrence, vous concernant, c’est convaincre le recruteur que vous êtes le meilleur candidat pour le job. Utiliser un récit narratif est un processus à maîtriser pour parler de ses échecs, les illustrer et embarquer le recruteur dans son histoire. Voyons plus en détails comment pratiquer.

L’idée ici est de montrer que l’échec n’est pas un tabou, que vous n’êtes pas resté bloqué sur une mauvaise expérience, et que vous avez su en tirer partie. L’échec en mode succès story en quelque sorte.

L’étape n°1 est la préparation

Il est utile d’avoir en stock 2 ou 3 échecs « prêts à l’emploi ». L’idéal, pour aller plus loin, est d’avoir au préalable fait un travail d’introspection sur votre parcours professionnel.

Ces échecs devront être décortiqués pour en extraire une morale (la leçon que vous en tirez) et des axes d’amélioration (pour témoigner de votre prise de recul).

L’étape n°2 est la mise en scène

Toute bonne histoire doit avoir un scénario. Rapidement, vous allez planter le décor en donnant des éléments de contexte et en expliquant votre rôle dans cette histoire. Par exemple :

« C’était en 2019, je venais d’accepter un poste de développeur mobile pour une ESN. Je suis arrivée dans une équipe en plein remaniement. Nouveau manager, nouveaux collaborateurs, nouveaux clients. J’ai eu du mal à prendre mes marques ».

Puis, vous allez droit au but en donnant des détails sur la situation d’échec tout en exposant une analyse objective et juste de la situation.

« Ce démarrage en dent de scie m’a fait prendre du retard sur pas mal de sujets par manque d’informations, et au bout de quelques jours, a généré des tensions au sein de l’équipe projet. N’ayant jamais eu de difficulté auparavant à trouver ma place en équipe, j’ai vécu cette situation comme un échec même si dans ce cas précis, je n’étais pas responsable de ce qui se passait. »

Pour finir, vous concluez en racontant la fin de l’histoire, sans oublier les conséquences de cet échec pour vous et éventuellement l’entreprise. Bien sûr, l’idée est de finir sur un Happy End au sens où vous devez en retirer quelque chose de positif.

« Finalement, j’ai fait une proposition à mon supérieur pour organiser un café d’équipe tous les matins afin de retrouver de la cohésion d’équipe, de désamorcer certains conflits naissants. Mon N+1 a apprécié ma prise d’initiative et a validé l’idée. Je me suis senti valorisé. Les malentendus se sont vite dissipés et nous avons pu retrouver un climat de travail plus serein. »

L’étape n°3 est de vous souvenir du contexte

Vous êtes dans une situation professionnelle, au beau milieu d’un processus de recrutement. Oubliez de raconter toute votre vie en mode « confessions intimes » au recruteur, vous êtes là pour faire le lien avec le job que vous visez. Quoi qu’il arrive, raconter un échec doit permettre de mettre en lumière un apprentissage, une montée en compétences ou un changement positif.

Et après ?

Une fois votre histoire racontée, vous pouvez subtilement faire comprendre au recruteur qu’il est temps de passer sur un autre sujet, ou relancer la discussion sous un autre angle. Pourquoi ne pas demander au recruteur comment les échecs sont perçus dans son entreprise ? L’entretien de recrutement va dans les 2 sens, vous êtes aussi là pour savoir si l’entreprise qui vous reçoit correspond à vos valeurs. Si jamais l’échec est tabou, mal vu, voire honteux dans cette entreprise, aurez-vous envie d’être recruté ? Il y a fort à parier que non.

L’échec fait partie de la vie, y compris professionnelle. Au lieu de se lamenter sur ses « erreurs, loupés, ratés » (peu importe leurs noms), nous avons voulu vous aider à les dédramatiser et à apprendre à en parler positivement. Le recruteur qui vous recevra en entretien est un être humain comme vous, qui a sans doute connu son lot désillusions et fait des erreurs lui aussi. Notre objectif à travers cet article était de vous expliquer comment parler de ses échecs en pleine conscience, en les assumant, sans en avoir honte, sans en faire un tabou. Utilisez cette question « piège » (qui n’en est pas une) pour démontrer votre maturité professionnelle et votre capacité à rebondir. Ce sont des qualités très recherchées en entreprise, le recruteur appréciera votre transparence et votre franchise.

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